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29. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Mais c’est en vain, que vôtre Demoiselle de condition s’excuse sur leurs exemples : celles, qui donnent du scandale, seront punies ; & les personnes qui en prennent, n’échaperont pas à la glaive d’un Dieu vengeur des ames innocentes. […] Aussi-je dois vous avouer, que cette Fille de condition, qui survint, quand vous étiez chez nôtre cher Ami, me fait pitié. […] Hé bien une fille de condition se rendroit infame en voulant faire la Comedienne, & une fille de Jesus-Christ se conservera l’honneur de son adoption en se divertissant en paienne ? […] Mais afin que ce Pere n’attire pas sur lui & sur sa Fille les malheurs, que Dieu répand ordinairement sur les Peres, qui par leurs exemples, & par le mauvais usage de leur empire perdent les doux fruits d’un saint Sacrament ; je supplie ce Pere qu’il se souvienne, que la providence Divine ne lui a pas donné cette Fille pour lui, mais pour elle-même ; que, si cette fille est le gage de l’amitié de Madame son Epouse, elle est aussi le fruit du Sang de Jesus-Christ ; que, si elle est noble par sa naissance, elle est Chrêtienne par son Batême ; que cette seconde qualité lui est plus avantageuse, plus necessaire, & plus glorieuse que la prémiere, & qu’ainsi il n’est pas seulement obligé de l’élever en Fille de condition, mais qu’il est encore plus obligé de l’élever en Chrêtienne, & qu’il doit plus travailler à lui inspirer l’esprit de l’Evangile, que l’air, & les manieres du monde.

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