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91. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Il est certain que l’Eglise n’a jamais condamné indifferemment les Pieces de theatre, elle n’a jamais eu dessein de lancer le foudre sur la Tragedie intitulée, Jesus-Christ souffrant, & composée par saint Gregoire de Nazianze. […] Plusieurs autres Pieces nous representent des Histoires saintes de l’ancien & du nouveau Testament ; ces images parlantes de la sainteté ne sont pas plus dignes des foudres de l’Eglise, que les images muëtes, qui n’entretiennent que les yeux : & ce seroit un caprice bien injuste de respecter les dernieres, & de condamner les premieres ; l’Eglise n’est pas capable de cette conduite bizarre, & opposée au respect qu’elle nous ordonne de rendre aux images de Jesus-Christ, & des Saints. […] Dieu condamne Jerusalem à souffrir tous ces malheurs, parce que Jerusalem a commis tous ces crimes. […] Les Conciles de Dieu soustiennent la verité, reforment les mœurs, condamnent & punissent les erreurs & les vices. […] S’ils estoient de vrais plaisirs, nous causeroient-ils tant de chagrins secrets ; nous causeroient-ils ces peines que nous avons à nous souffrir nous-mesmes, ces méchantes humeurs qui nous rendent insupportables aux autres, cette necessité indispensable d’estre purifiez par les rigueurs de la penitence, ou d’estre condamnez à des peines eternelles ?

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