Ici c’est un crime : la représentation du crime enseigne à le commettre, l’amusement le fait goûter, la société y entraîne. […] On ne sent le mal de la comédie que par les péchés qu’elle fait commettre & les habitudes qu’elle forme, souvent même les attribue-t-on à une autre cause. […] qui jamais a prétendu que les forfaits se commettent sur la scène, ou qu’on y fasse ouvertement violence à la vertu ? […] Encore même ces excès doivent faire éviter les spectacles, car c’est là qu’on apprend à les commettre, qu’on en reçoit le germe, qu’on en prend le goût, qu’on en apprend se langage, qu’on en découvre les moyens, qu’on en trouve les objets à un prix raisonnable, qu’on en concerte l’exécution, qu’on en prélude le plaisir. Dans le portrait affreux que le caustique Juvenal fait des mœurs de son temps, il regarde le théatre, non comme le lieu où se commettent les crimes, mais comme l’école où ils s’enseignent, & l’attelier où ils se préparent.