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19. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Comment osez-vous avancer que le vin fait rarement commettre des crimes ? C’est, au contraire, de toutes les passions celle qui en fait commettre le plus : tel qui, de sang-froid, aurait été retenu par la crainte et la réflexion, perd l’une et l’autre par l’ivresse et se livre à toute sa fureur, que le vin anime. Citez Monsieur, les crimes que le spectacle a fait commettre : citez-en un, et je me rends. […] Quant aux Tyrans, on n’en a besoin nulle part : il suffit de les montrer ; et vous n’ignorez pas les motifs qui portent nos Auteurs à les produire sur la scène : c’est pour en faire l’objet de l’exécration publique, et quelque bien établie que soit à Genève la haine de la Tyrannie, il n’en est pas moins sage de justifier, de nourrir et de fortifier cette haine par les tableaux des horreurs que les Tyrans ont su commettre.

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