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45. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Mais pour ne rien entreprendre sur les devoirs de nos Pasteurs & des Prédicateurs de l’Evangile, j’abandonne le Comédien pour ne parler ici que du Poëte Comique, & pour rapporter de la maniére la plus succinte & la plus seche qu’il me sera possible, quelques-uns des jugemens que nos Critiques Séculiers & Réguliers en ont porté, Mr. […] C’est en quoi consiste l’avantage qu’on lui donne sur tous les Comiques modernes, sur ceux de l’ancienne Rome, & sur ceux même de la Grece : de sorte que s’il se fût contenté de suivre les intentions de Mr. le Cardinal de Richelieu, qui avoit dessein de purifier la Comédie, & de ne faire faire sur le Théâtre que des leçons de Vertus Morales, comme on veut nous le persuader, nous n’aurions peut-être pas tant de précautions à prendre pour la lecture de ses Ouvrages. […] Rapin nous fait connoître qu’il est aussi dans le même sentiment, & il est allé même encore plus loin que ces deux Critiques, lors qu’il dit, qu’à son sens c’est le plus achevé & le plus singulier de tous les Ouvrages Comiques qui ayent jamais paru sur le Théâtre2 Nous avons vû la plus célébre des Piéces de Moliere ; mais ceux qui souhaiteront voir la plus scandaleuse, ou du moins la plus hardie, pourront jetter les yeux sur le Tartuffe, où il a prétendu comprendre dans la juridiction de son Théâtre le droit qu’on les Ministres de l’Eglise de reprendre les Hypocrites, & de déclamer contre la fausse dévotion.

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