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458. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Ils crient contre cela avec autant de chaleur et d’indignation, qu’ils eussent fait contre un sabbat de Sorciers et de Magiciens ; ils parlent des Comédiens comme des Lutins, et des suppôts de Lucifer ; ils ne croient pas que les spectacles fussent d’une moindre abomination, que les sacrifices qu’on faisait aux idoles. […] Ce n’est point que je veuille retrancher aux Chrétiens les occasions d’une juste réjouissance, ils sont hommes aussi bien que les autres, et les divertissements raisonnables ne leur doivent point être défendus : Mais on m’avouera que jusqu’ici la police a permis trop de licence aux Comédiens, de qui, quoiqu’ils représentent, on ne fait aucun châtiment ; il semble qu’ils sont suffisamment punis, quand la loi les a déclarés infâmes, et des hommes sans honneur. […] Je dirai franchement que les Auditeurs sont les premiers coupables ; car si les autres sont méchants, ce n’est que pour leur plaire : Qu’il n’y ait point de spectateurs, il n’y aura point de Comédiens, ils ne parlent pas pour eux-mêmes, il n’y eut jamais qu’un vieil fol qui se panadoitaf sur le théâtre à l’enseigne de la Lune, dans la créance que les Dieux prenaient plaisir à ses démarches et à ses riches inventions. […] France sera éternellement obligée à Philippe Auguste, non seulement pour ses grandes et illustres Conquêtes, mais encore pour les sages règlements qu’il fit pour empêcher les désordres qui allaient à la ruine du culte divin et des bonnes mœurs ; elle tient de lui deux Ordonnances très chrétiennes, qui furent les premières d’après son Sacre qui fut fait du vivant de son père, dont l’une est portée contre les blasphémateurs du nom de Dieu, l’autre contre les Comédiens qu’il chassa honteusement de la Cour avec ce beau mot, que c’est sacrifier au Démon de leur donner quelque chose,« Histrionibus dare, est Dæmonibus immolare. » Vincent. inspeculo hist. lib.

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