Mais afin que la conclusion soit légitime, il faudrait en premier lieu qu’il fût bien certain, que sous le nom d’« histrions », Saint Thomas eût entendu les comédiens : et cela, loin d’être certain, est très faux ; puisque sous ce mot d’« histrions », il comprend manifestement un certain joueur : joculator, qui fut montré en esprit à saint Paphnuce, comme un homme qui l’égalait en vertu. Or constammentw ce n’était pas un comédien, mais un simple « joueur de flûte, qui gagnait sa vie à cet exercice dans un village : in vico » : comme il paraît par l’endroit de la vie de ce saint solitaire qui est citéx par Saint ThomasVit. […] y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.