Voilà le premier pas du démon, c’est par l’ornement que vous apportez au bal, qu’il commence à vous gagner, & qu’il debauche vôtre cœur. […] … Mon âge, me répondez vous, mon rang, ma dignité m’obligent d’avoir une retenué, & une gravité qui me met à couvert de ces defauts ; oüi, mais le cœur est-il immobile, & insensible, & l’esprit est-il dans sa situation ordinaire ? […] Ils voyent un spectacle, qui flate les sens, qui remplit leur esprit de vanité, qui amollit leur cœur par le son des instrumens. Ainsi l’amour du monde, & des creatures se glisse imperceptiblement dans le cœur de ceux qui se trouvent à un bal. Dites aux personnes mondaines, que le bal est defendu, parce qu’il est presque toûjours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le theatre de toutes les vanitez mondaines, & le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut : que tout y est écueil, que tout y est poison : danses, instrumens, objets, entretiens, assemblées ; que tout y concourt à étouffer les sentimens de pieté, à seduire & l’esprit, & le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté ?