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71. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Voilà le premier pas du démon, c’est par l’ornement que vous apportez au bal, qu’il commence à vous gagner, & qu’il debauche vôtre cœur. […] … Mon âge, me répondez vous, mon rang, ma dignité m’obligent d’avoir une retenué, & une gravité qui me met à couvert de ces defauts ; oüi, mais le cœur est-il immobile, & insensible, & l’esprit est-il dans sa situation ordinaire ? […] Ils voyent un spectacle, qui flate les sens, qui remplit leur esprit de vanité, qui amollit leur cœur par le son des instrumens. Ainsi l’amour du monde, & des creatures se glisse imperceptiblement dans le cœur de ceux qui se trouvent à un bal. Dites aux personnes mondaines, que le bal est defendu, parce qu’il est presque toûjours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le theatre de toutes les vanitez mondaines, & le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut : que tout y est écueil, que tout y est poison : danses, instrumens, objets, entretiens, assemblées ; que tout y concourt à étouffer les sentimens de pieté, à seduire & l’esprit, & le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté ?

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