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41. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Oui, cet esprit doux, patient, humble, chaste, charitable, miséricordieux, qui fait le caractère et l’excellence des mœurs du Christianisme, a plus de convenance avec le génie et le cœur des femmes, à qui la douceur et la patience, la soumission et la pudeur, la compassion et la charité, sont des vertus presque naturelles : Au lieu que nous autres, si nous les voulons acquérir, nous sommes obligés de travailler beaucoup sur notre cœur ; qui est naturellement violent et impatient, fier et sensuel, dur et impitoyable. […] Jésus-Christ a délivré encore leur Sexe de l’esclavage du Sérail, où pour une femme qui a le cœur de son mari, toutes les autres sont à peu près traitées comme des esclaves dont on se sert sans amitié ; et où elles vivent dans une perpétuelle guerre de jalousie, de haine, de querelles, et de factions. Or n’est-ce pas beaucoup, qu’ayant réduit le mariage à l’unité parfaite selon sa première institution, il ait donné à chaque femme le cœur tout entier de son mari ; sans ce partage odieux que la polygamie avait établi, et fait encore subsister dans plus de la moitié du monde ? […] Mais en cette affaire, il y a un point qui me tient bien au cœur : Et c’est que comme l’on a eu un grand zèle pour convertir ceux qui faisaient profession de la Religion Prétendue Réformée, on en eût autant pour la conversion du Sexe prétendu dévot. […] La complaisance respectueuse que les hommes ont pour le Sexe, non seulement par un instinct naturel, mais encore par un usage particulier à notre nation, me répondrait du succès, au moins à l’égard de toute l’honnêteté extérieure : Et quand elle serait une fois rétablie, le cœur se rappellerait insensiblement à l’amour, et aux lois exactes de la pudeur.

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