On sort du spectacle, le cœur si rempli des douceurs de l’amour ; & l’esprit si persuadé de son innocence ; qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs, & les mêmes sacrifices que l’on a vûs si bien représentés sur le Théatre. […] L’image du vice ne blesse les yeux que quand la réalité est trop connue : Il y a cinquante ans, le Théatre étoit plus libre & les cœurs l’étoient moins. […] Mais on s’en offense quand on est forcé de les reconnoître en son cœur. […] Le cœur humain est le même dans les grands crimes comme dans les moindres ; il ne faut pas mériter l’échaffaud pour sentir la voix des remords. […] Mais sondez votre cœur, sondez celui de la nation, les trouverez-vous plus sages ?