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3. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

La Charte a voulu la religion, mais elle n’a voulu que ce que la religion avait d’apostolique, de divin, de charitable et de conciliant ; elle n’a point mis les prêtres au-dessus des autres citoyens, elle les a rangés au contraire dans la loi commune, elle ne peut en conséquence leur permettre d’appliquer des pénalités aux autres citoyens, parce que le Clergé se trouverait, par ce fait, supérieur à la Charte, supérieur aux autres juges du royaume, qui ne peuvent, qui ne doivent qu’appliquer des peines dictées par nos codes, et bien exprimées pour chaque délit. […] On doit être d’autant plus attentif aux usurpations illégales du Clergé, qu’une fois le gouvernement les ayant tolérées à l’égard des citoyens, il se verrait bientôt attaqué lui-même, corps à corps, par ces mêmes ecclésiastiques, qui lui demanderaient impérativement la réintégration dans leurs biens, dans leurs droits, dans leurs privilèges, avec d’autant plus de force et d’action, qu’ils auraient commencé d’abord par soumettre tous les citoyens du royaume. […] Les citoyens une fois rangés pour ainsi dire sous la bannière de la puissance ecclésiastique, le prince, qui voudrait résister aux altières prétentions du clergé, serait traité d’hérétique, de rebelle, et sa vie serait à la merci des fanatiques. […] Le Clergé ne doit donc jamais agir en ce qui concerne les pénalités qui auraient un effet civil, sans l’attache, sans l’assentiment de l’autorité séculière ; car, il faut en convenir, la France, en 1825, n’est pas la France du quatorzième et du quinzième siècle, et le prince étant le chef suprême de l’Etat, nulle autre autorité que la sienne ne peut infliger à ses sujets quelque peine que ce soit, surtout lorsque ces peines deviennent infamantes, et attirent sur ces mêmes citoyens le mépris et la vindicte publique, effets réels de l’excommunication. Si la Charte, je le répète, reconnaît la religion catholique comme religion de l’Etat, c’est dans la ferme intention que cette religion concordera avec notre loi constitutive, et n’attentera en rien aux droits qu’elle consacre à l’égard de tous les citoyens.

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