/ 227
17. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Il faudrait donc qu’un Entrepreneur de spectacle eût perdu le sens s’il ne s’assujettissait pas à l’heure où les occupations des principaux citoyens sont terminées. […] Mais si les lois s’étendent jusqu’à régler les appointements de chaque sujet en sorte que le Théâtre lui procure suffisamment de quoi vivre, c’est alors qu’elles pourront s’appesantir avec justice sur les gens de mauvaise vie attachés au spectacle comme sur les autres citoyens dont les mœurs sont corrompues. […] Je ne voudrais pas qu’on s’imaginât sur ce que je viens de dire que je méprise la Bourgeoisie en général : je sais combien cette classe renferme de bons citoyens, de gens vertueux et respectables. […] L’art de tirer bien droit, et de tuer quelqu’un avec grâce, voilà l’unique talent qu’on admira à Lacédémone, et le seul objet de l’étude de ses citoyens ; étude barbare, que les sanguinaires admirateurs de Lycurgue n’ont que trop perfectionnée. […] S’ils ont quitté les farces indécentes pour des Poèmes dictés par la raison et la sagesse, on doit donc les traiter en honnêtes gens et leur rendre les privilèges qu’on accorde dans la société à tous les bons citoyens.

/ 227