« Un homme sans passions ne saurait intéresser personne au théâtre, et l’on a déjà remarqué qu’un Stoïcien dans la Tragédie ferait un personnage insupportable dans la Comédie, et ferait rire tout au plus. »j On a très mal remarqué ; Glaucias dans Pyrrhus, Brutus, Alphonse dans Inès, Cicéron dans le Triumvirat, Zopire dans Mahomet k, et tant d’autres à citer sont des Stoïciens ou jamais il n’en fut, et l’histoire nous trompe ; dans les Comédies tous nos Aristes, un Théodon dans Mélanide, le Héros de La Gouvernante l, ces gens-là ressemblent assurément au portrait qu’on nous fait des Stoïciens toujours amis de l’humanité et préférant l’intérêt de la vérité, de la raison, de la justice et de l’amitié, à leur intérêt propre. […] « A Londres, dites-vous, un Drame intéresse en faisant haïr les Français, à Tunis la belle passion serait la piraterie, à Messine une vengeance bien savoureuse, à Goa l’honneur de brûler des Juifs »ab : pourquoi citer des goûts atroces pour en faire induire que le nôtre est mauvais et pour atténuer les bonnes raisons que nous avons de trouver nos pièces bonnes ? […] Un différend aurait éclaté entre deux commandants de la flotte grecque : le général spartiate Eurybiade, « ce brutal », et le stratège athénien Thémistocle, « ce brave capitaine grec » ; ce dernier aurait clos l’altercation par le mot que cite Dancourt.