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96. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Votre Grandeur, qui est un abîme d’Erudition, sait mieux que personne que depuis que les Royaumes ont commencé d’être florissants, et que l’on a bâti de grandes Villes, il y a fallu des Spectacles pour en amuser les habitants, et que si les Pères de la primitive Eglise blâmaient les Chrétiens d’y assister, c’était parce que les Spectacles des Anciens faisaient une partie essentielle de la Religion Païenne. Les Empereurs dont la mémoire est le plus en vénération (c’est des Empereurs Chrétiens dont je parle) ne défendirent pas les Spectacles à leurs Sujets, mais ils en bannirent l’Idolâtrie ; et s’il vous plaisait, Monseigneur, de rappeler un peu votre souvenir, vous trouveriez que des Papes n’ont pas cru les plaisirs du Théâtre indignes de l’attention des Chrétiens, puisqu’ils ne faisaient point de difficulté d’y assister eux-mêmes. […] Si les fictions et les fables Parmi les Chrétiens sont blâmables Et trahissent la Vérité ; Est-il fiction plus criante Que de prêcher la Pauvreté Avec Vingt Mille Ecus de rente ? » Le Cardinal de Richelieu qui était un grand Théologien, un grand Evêque, et un grand Ministre d’Etat, se serait-il si hautement déclaré le Protecteur de la Comédie, et de ceux qui écrivaient avec succès pour le Théâtre, s’il eût trouvé ce Divertissement indigne d’un Chrétien : et la Sorbonne, qui lui est redevable de tant de bienfaits, peut-elle condamner ce qu’approuvait ce grand Homme, sans donner une atteinte à sa mémoire ? 

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