Les Héros de Théâtre sont obligés de prendre les ornemens de la vanité ; n’importe que ce soit des Saints, on les dépouille sur la Scéne, des habits obscurs de l’humilité chrétienne, pour leur faire chausser le cothurne romain : ils doivent s’exprimer avec autant de fierté que les prétendus grands hommes du Paganisme. […] Les vertus vraiment chrétiennes ne sont nullement assorties au Théâtre, les Auteurs dramatiques ont été forcés de les farder pour s’accommoder au goût du Parterre, cette profanation a fait défendre la représentation des choses saintes, comme étant plus propres à scandaliser, sous ce déguisement, qu’à l’édification des fidéles. […] La veuve de Pompée n’étoit point chrétienne, doit-on lui pardonner ces sentimens ? Non, Mademoiselle, parce que c’est un chrétien qui les lui suppose, ce sont des chrétiens qui les écoutent, qui les admirent, & qui dès-là sont tentés de les imiter. La religion de cette femme n’est point un titre dans l’idée du Poëte ; Pulcherie tient le même langage, malgré qu’on la peint vertueuse, & qu’elle est chrétienne, elle ne respire que la vengeance, s’obstine à la mort de Phocas1.