Enfin c’est une raison mille fois confondue, puisque quand il serait vrai qu’on aurait ôté de la Comédie tout ce qui peut blesser les oreilles chastes des Chrétiens et tout ce qui sent l’idolâtrie, on a fait voir que la Comédie ainsi épurée n’en est encore que plus dangereuse, en ce qu’elle empoisonne plus finement et plus spirituellement. […] Tertullien traitait d’idolâtres les Chrétiens qui prononçaient seulement les noms des fausses divinités des Païens, et il ne pouvait souffrir que les Maîtres d’Ecole enseignassent les Poètes à leurs Disciples, à cause qu’ils sont pleins de ces fausses divinités, quel sentiment aurait-il de nos Poètes Français, qui se sont imaginés qu’on ne saurait faire de bons vers, si on ne les relève par les noms de ces divinités ? […] Ils verraient clairement qu’il faut obéir à Dieu en tout, qu’il faut obéir aux puissances établies de Dieu en toutes les choses, où Dieu ne nous défend pas de leur obéir, et là où il nous le défend, s’il ne faut pas obéir, il faut souffrir, De sorte que la devise d’un vrai Chrétien à l’égard des Puissances, est d’obéir ou de souffrir. C’était celle des premiers Chrétiens, qui ne se sont jamais armés que pour la défense de l’Empire et par l’ordre de leur Souverain.