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10. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Et ce sont des Chrétiens, concluoit Saint Ambroise, des Chrétiens qui adorent un Dieu crucifié, crucifiant dans sa chair tous les plaisirs du monde, ce sont des Chrétiens qui veulent les accorder avec l’esprit de leur Religion. […] O temps malheureux, ô mœurs des Chrétiens ! […] Et un Chrétien, qui sait que le glaive suspendu sur sa tête ne tient qu’à un fil, un simple fil prêt à se rompre, un Chrétien qui sait que son Juge l’épie comme un voleur pour le surprendre, ce Chrétien s’expose de sang froid sur un endroit où il craint de mourir ! […] Toute austere que soit cette morale, elle ne peut donc paroître outrée qu’à ceux qui ont oublié qu’être Chrétien & crucifier sa chair, mortifier tous ses sens ; être Chrétien & porter l’esprit de recueillement & de retraite jusqu’au milieu du monde ; être Chrétien & penser sans cesse à l’éternité, soupirer jours & nuit après le Ciel ; être Chrétien & conformer toute sa vie au modèle d’un Dieu crucifié, c’est essentiellement la même chose. […] Chrétiens, s’écrioit Tertullien, en finissant le beau traité qu’il a écrit sur cette matiere, Chrétiens, si vous aimez les spectacles, si vous ne pouvez vous en passer, nous en avons à vous donner.

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