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245. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Tous savent un peu dessiner, peindre, chiffrer ; la plupart jouent de la flûte, plusieurs ont un peu de musique et chantent juste. […] Un de leurs plus fréquents amusements est de chanter avec leurs femmes et leurs enfants les psaumes à quatre parties ; et l’on est tout étonné d’entendre sortir de ces cabanes champêtres, l’harmonie forte et mâle de Goudimel, depuis si longtemps oubliée de nos savants Artistes. […] Je n’ai jamais bien conçu pourquoi l’on s’effarouche si fort de la danse et des assemblées qu’elle occasionne : comme s’il y avait plus de mal à danser qu’à chanter ; que l’un et l’autre de ces amusements ne fût pas également une inspiration de la Nature ; et que ce fût un crime à ceux qui sont destinés à s’unir de s’égayer en commun par une honnête récréation. […] « Nous avons été jadis, Jeunes, vaillants, et hardis. » Suivait celle des hommes qui chantaient à leur tour, en frappant de leurs armes en cadence.

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