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9. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Le chant si naturel à l’homme, en se dévelopant, a inspiré aux autres hommes qui en ont été frappés, des gestes relatifs aux différens sons dont ce chant était composé ; le corps alors s’est agité, les bras se sont ouverts ou fermés, les pieds ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvemens divers, tout le corps a répondu par des positions, des ébranlemens, des attitudes, aux sons dont l’oreille était affectée : ainsi le chant, qui était l’expression du sentiment, a fait développer une seconde expression qui était dans l’homme, qu’on a nommée Danse. On voit par ce peu de mots, que la voix & le geste ne sont pas plus naturels à l’homme que le chant & la danse ; & que l’un & l’autre sont pour ainsi dire les instrumens de deux arts auxquels ils ont donné lieu. Dès qu’il y a eu des hommes, il y a eu sans doute des chants & des danses ; on a chanté & dansé depuis la création jusqu’à nous ; & il est vraisemblable que les hommes chanteront & danseront jusqu’à la destruction totale de l’espèce. […] On voit dans les descriptions qui nous restent des trois Temples de Jérusalem, de Garisim ou de Samarie, & d’Alexandrie, qu’une des parties de ces Temples était formée en espèce de Théâtre, auquel les Juifs donnaient le nom de Chœur : cette partie était occupée par le Chant & la Danse, qu’on y exécutait avec la plus grande pompe dans toutes les Fêtes solennelles.

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