Je sais que la danse est un exercice naturel à l’homme, que sans que le démon s’en mêle, on a pu en faire un art, & la perfectionner, comme le chant, la peinture, les armes, &c. […] Ces monstres, demi-femme & demi-poisson ou demi-oiseau, si célèbres dans la mythologie par leurs chants & leurs attraits dangereux, dont il étoit si difficile de se sauver, & dont Ulisse n’échappa, dit Homère dans l’Odissée, qu’en se faisant attacher au mât du navire, & bouchant les oreilles de ses matelots, ces monstres prétendus, n’étoient dans la vérité qu’une mere & des filles prostituées, qui s’étoient établies sur le Promontoire de Sirenusse en Lucanie, d’où elles ont pris leur nom, dans un endroit où les vaisseaux venoient aborder pour prendre des provisions, & où elles se vendoient aux passagers & aux matelots. […] La jeunesse Grecque formoit des pas mesurés, & ne respiroit dans ses chants, ses mouvemens, ses attitudes, que la liberté, la joie, le plaisir, les transports de Bacchus. […] Il a une idée, que je crois fausse ; il prétend que le chant ou les instrumens n’ont été mêlés à la danse que par la honte du vice, pour y faire diversion, afin que l’ame occupée par l’oreille, les yeux s’offensent moins de l’indécence des mouvemens.