Les premiers ont dit, que les Fêtes de Bacchus, auquel on immolait un bouc, étaient l’origine de la Tragédie, qui s’était par cette raison, d’abord appelée Chant du Bouc. […] Ce mot devint le nom générique des Odes chantées par des Chœurs, longtemps avant que le Drame héroïque qui porte aujourd’hui ce nom, eût été perfectionné par Eschyle : mais je ne crois pas que jamais il ait été appliqué par les contemporains aux Chants satyriques de Thespis ; les Grecs avaient un terme, pour exprimer ce genre de chant ; il s’appelait Κωμῳδια (chant rustique ou satyrique)* ; & cela pour deux raisons : la première, parceque cette Satyre grossière ne se chantait que dans les bourgs, au temps où tout le monde s’y trouvait rassemblé pour les Vendanges ; la seconde, parce qu’elle était censée une imitation des Chansons & des Danses des Dieux Rustiques, qu’on nommait Satyres. […] Mais ces Poètes ne doivent être regardés tout-au-plus que comme les sécularisateurs du Drame : saint Ambroise introduisant le chant à deux chœurs dans l’Eglise de Milan, y déposa, sans le savoir, le germe qui devait reproduire un jour la Tragédie. […] D’autres veulent que le mot Comédie vienne de Comus, dieu de la Joie : alors Comédie signifiera Chant Joyeux. […] Ou bien de Cômos & d’odê (chant du dieu Comus & de la joie).