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56. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Jamais les Courtisannes ne furent si séduisantes, ni étalées dans un jour si favorable, que des filles sur un théatre, exercées à la danse, au chant, au geste, à la déclamation, à des rôles, à se parer, à figurer, admirées, applaudies, choisies avec des talens & des graces, parlant toujours passion, en connoissant tous les rafinemens, entretenues, pensionnées, &c. […] N’est-ce pas par des gestes, des chants, des danses, qu’on ranime les sens blasés d’un Bacha ? […] Cela peut être, le chant & la danse sont des attraits du vice bien puissans ; les tragédies sont plus sérieuses, moins luxurieuses que les pieces lyriques qui ne roulent jamais que sur l’amour ; l’étude d’un rôle, l’exercice de la déclamation, l’exécution d’une piece, occupent beaucoup plus, & sont plus difficiles que quelque récitatif langoureux, quelque chanson légère qui se débite lentement. […] Etant venue dans la salle du concert, elle chercha des yeux N … son Maître de chant & son amant, & ne l’ayant pas trouvé, elle signifia qu’elle ne chanteroit pas, s’il n’étoit placé auprès d’elle ; on le fait chercher, on le place, elle chante enfin.

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