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24. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Christine n’est qu’une femme singuliêre, d’un mérite fort commun, elle a fait une action extraordinaire, elle a quitté la couronne, & changé de religion. […] Le théatre changea tout, & la jeta dans la dissipation, l’indécence, l’indépendance, la prodigalité, & la fit repentir de son abdication, à laquelle elle survécut plus de trente ans, y jeta les noirceurs & les inquiétudes de la mélancolie & du désespoir. […] On prétendoit ne rien payer si elle se faisoit Catholique ; on négocia, on accorda bien de choses de part & d’autre, on craignoit qu’elle ne changeât, ce qui auroit pu faire une guerre civile, mais dans la suite elle fut si mal payée de ses pensions qu’elle n’avoit pas de quoi vivre, elle revint en Suède pour les demander, & en obtint une partie jusqu’à sa mort. […] Il est rare que ce goût aille jusqu’à vouloir changer de sexe, & affecter les apparences d’un sexe différent. […] Voici le François de Ménage, dans ce seul trait on en verra mille : Quelle est donc cette Nymphe en charmes si séconde, Et qui change à son gré l’air & la terre & l’onde ?

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