Une décoration profane, l’état, les mœurs des Comédiens défigurent encore plus les choses saintes ; un Ministre des autels, et un Comédien ; le caractère d’un Saint, et un métier infâme ; les fonctions des Anges, et l’emploi du démon ; une Eglise, et une salle de spectacle ; qui peut soutenir l’horreur du contraste ! […] Palissot, a pourtant été applaudie ; mais je crois que le fond d’orgueil et de mépris du genre humain, dans le caractère et dans le système qui rend les esprits forts aussi odieux que ridicules, a formé un intérêt personnel, a piqué la curiosité, et gagné les suffrages à une pièce remplie de grandes beautés. […] L’Eglise a toujours condamné ce mélange peu édifiant de la chaire et du théâtre, du caractère de Ministre et des œuvres d’un Comédien. […] Jugeons, à plus forte raison, si ce Pontife eût approuvé l’usurpation et la profanation des choses saintes, faite par le théâtre, plus profane que tous les motets : « Novellæ scholæ discipuli temporibus mensurandis invigilant, novis notis intendunt, fingere suas malunt, in semibreves cantant, notulis percutiunt, hoquetis intersecant, discantibus lubricant, motetis vulgaribus inculcant, fundamenta despiciunt, ignorant super quo ædificant, etc. » La Bruyère, homme du monde, pense de même dans ses caractères. […] On voit de même que les personnages assortis aux caractères réussissent mieux ; un homme emporté prendra mal un ton doux et tendre, un esprit doux et modéré n’est pas fait pour les fureurs d’Oreste, le masque du vice embarrasse la vertu, le masque de la vertu ne sied pas bien au vice : Rien n’est beau, j’y reviens, que par la vérité.