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76. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Tout y est édifiant, tout y est instructif : les caractères mêmes d’Athalie et de Mathan, tout impies qu’ils sont, ne peuvent inspirer que de l’horreur pour l’impiété. […] La Tragédie d’Iphigénie me paraît très convenable au nouveau Théâtre : On pourrait dire que c’est une Tragédie sans amour ; puisque celui d’Achille (qui a tous les caractères de l’amour conjugal) est plutôt un devoir qu’une faiblesse ; et que c’est moins son amour, que sa passion pour la gloire qui donne lieu aux transports qu’il fait éclater. […] De toutes les passions qui tyrannisent les hommes, celle de l’amour est la seule que l’on puisse présenter aux Spectateurs, sous différentes faces : l’avarice, le jeu, la jalousie, etc. ont toujours le même aspect : on peut bien diversifier les faits ; mais les personnages seront toujours uniformes dans la manière dont ils développeront leurs caractères : ce ne sera jamais qu’un Avare qui aime l’argent ; un Joueur qui le dissipe ; un Jaloux qui soupçonne son ombre, etc. […] La passion d’amour, au contraire, est un Caméléon qui change de couleur à tout instant, suivant le caractère des personnes qui en sont possédées.

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