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94. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Il n'y a rien dans la nature de la Tragédie, ni de la Tragi-comédie, qui puisse nous les faire désapprouver ; il paraît même que le but des premiers Tragiques a été bon, et qu'ils ont voulu instruire les peuples d'une manière qui fût capable de les frapper davantage, que la simple exposition des choses qu'ils leur voulaient insinuer n'aurait pu faire. […] Mais le cœur ému par cette représentation n'a pas les mêmes bornes, il n'agit pas par mesures : dès qu'il se trouve attiré par son objet, il s'y abandonne selon toute l'étendue de son inclination ; et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s'est trouvé bien loin de son compte, l'esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n'étant plein que d'aventures agréables et surprenantes, de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n'est plus capable de retenue, et quand même ces effets, que je n'ose faire entrevoir ne s'ensuivraient pas, n'est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion, n'est-ce pas en quelque sens le plus grand péché qu'on puisse commettre ? […] « l'homme qui est tout charnel n'est point capable des choses qu'enseigne l'Esprit de Dieu.

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