Cela supposé, je conviens avec vous que Tertullien, Saint Cyprien et les autres Pères, et Auteurs Chrétiens, soit ceux dont je parlerai, soit une infinité d’autres, nous ont dit des choses qui font horreur touchant les Spectacles des anciens, pour la condamnation desquelles, comme vous dites page 19, « on n’a besoin que des lumières de la raison ». […] Saint Thomas est un Docteur particulier qui n’est pas infaillible ni suivi en tout ce qu’il a dit ; mais vous avez affaire à un homme qui a mille fois plus de vénération pour ce Saint que vous n’en avez fait paraître : et le seul titre de Docteur Angélique que personne ne lui dispute, donne assez d’autorité à sa doctrine, sans qu’il fût besoin pour nous y soumettre, de toutes les Bulles que vous avez citées page 5, ni des témoignages des savants page 6, après avoir fait, si je ne me trompe, votre extrait de la Préface du cours de Philosophie de la fameuse Université d’Alcala, où toutes ces Bulles sont citées. […] Mais pour ces jeunes gens qui y font foule, qui fatigués des plaisirs de toute sorte, ne cherchent dans la volupté que de nouveaux ragoûts ; pour ces Dames mondaines, dont la vie est une oisiveté continuelle, qui n’ont d’autre occupation que celle d’idolâtrer leur corps, de le satisfaire dans tous ses désirs, de s’ajuster et de faire parade de leur vanité depuis le matin jusqu’au soir ; pour ces coquettes, dont l’esprit n’est rempli que d’intrigues ou de commerces, qu’elles cherchent ou à commencer ou à entretenir à la Comédie ; pour ces fainéants de profession, ces batteurs de pavé, dont la présence à la Comédie est la fin d’une journée inutile et pour eux et pour le public, tant d’autres enfin de ce caractère dont la Comédie est remplie : quel besoin ont-ils, je vous prie, de chercher à la Comédie à délasser leur corps ou leur esprit ?