/ 333
20. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Ceux qui peuvent les lire dans notre Langue, ont-ils l’oreille assez Françoise, pour être frappés de toutes ces beautés de Langage & d’Harmonie, qui dépendent souvent de l’endroit où une expression est placée ? […] Quand il nous offrira dans sa Langue une Tragédie avec les mêmes beautés, & tous les mêmes défauts qu’il y trouve, nous reconnoîtrons que la Tragédie a fait de très-grands progrès en Italie. […] Après que Megere & l’Ombre d’Antoine ont fait la premiere Scene, sans qu’on sache pourquoi elles sont sorties des Enfers, & pourquoi elles y retournent, un Astrologue vient dans un Monologue étaler toutes ses connoissances : ensuite Octave très-amoureux de Cléopatre en loue la beauté, en disant, qu’elle brille sur les autres beautés, comme la Lune sur les Etoiles ; que si le Sceptre est tombé de ses mains, elle en a un autre sur le front ; que d’un clin d’œil elle écrit ses Loix, & les commande aux cœurs ; que ses paroles sont des chaînes, & ses regards des liens. […] Il est encore difficile qu’elle se perfectionne, si ceux qui sont capables de faire connoître les beautés de l’Art, ne trouvent pas des Auditeurs, capables de les goûter. On croiroit que l’air du Pays n’est point favorable à ces beautés, à entendre dire à S.

/ 333