Quant à l’origine de la Comédie, quelques-uns croient qu’elle est un effet de la sagesse des Grecs, qui dans la politique aussi bien que dans les sciences, ont été les maîtres des Romains et des Gaulois, et qui ont porté les belles lettres à Rome et à Marseille. […] « Je ne sais, dit-il, s’il se peut trouver une plus grande corruption que celle qui se rencontre dans les Comédies ; car il y est fait mention de violemment de vierges, et d’amours de femmes débauchées ; et plus l’éloquence des Auteurs de ces fictions de crimes est forte, et plus les auditeurs en sont touchés et persuadés par la beauté du style ; leur mémoire retient plus facilement ces vers d’une belle cadence ; les histoires tragiques qui y sont représentées, leur mettent devant les yeux des parricides, des incestes, et d’autres crimes qui sont les sujet des Tragédies. […] Si la chaussure de Judith fut capable de ravir les yeux et le cœur d’un homme guerrier, que fera le visage, la taille, la bonne grâce, la danse, le chant d’une femme qui n’a point d’autre dessein que de paraître belle, et de plaire pour attirer plus de monde à la Comédie. […] On ne peut point appeler des ouvrages tout à fait honnêtes, dans lesquels on voit des intrigues d’amour, de vengeance, d’ambition, que l’on commence, que l’on continue, que l’on achève avec beaucoup d’artifice et d’adresse d’esprit, que l’on accompagne de belles paroles, que l’on représente avec des actions vives et avec une prononciation agréable, ce qui imprime plus facilement et plus fortement le mouvement de ces passions dans le cœur des spectateurs.