Qu’elle coupoit les cordes des cloches pour qu’on manquât les offices, se faisoit habiller & deshabiller par des jeunes pages, au lieu de femmes de chambre, se déguisoit en hommes, & couroit la nuit, qu’elle abandonna son mari, s’alla promener en Piémont, en France, en Flandre, en Allemagne, qu’on lui dédia une tragédie, qu’elle en fit la fortune, &c. mais pourvu qu’on soit belle, ou du moins qu’on s’en croie, on a toute sorte de mérite, les graces effacent tous les défauts, le coloris du tein donne toutes les vertus. […] On se dégoûta des cheveux, on se prit de belle passion, pour le poil des animaux, on garnit ses habits de fourrures, on envelopa la tête de peau bien travaillée, & marquetée, de chien, de chat, de renard, de mouton, de lapin, d’hermine, de vair, de contrevair ; (il a passé dans les armoiries.) […] Delà les cadenettes, les tresses, le queues, les bourses ; on vit arriver pour la chevelure des hommes, ce qui étoit arrivé pour la queue des chevaux ; on se prit pendant quelque tems de belle passion, pour les chevaux à courte queue ; ce qui fit dire à Bassompierre, quand il sortit de prison, après vingt ans, qu’il ne trouvoit d’autre changement dans le monde, si ce n’est que les hommes n’avoient plus de barbe, & les chevaux plus de queue ; bientôt on changea, on ne voulut que des chevaux à queue large & flottante. […] Le public calcule mieux qu’on ne pense, les facultés de ces beautés brillantes ; on se ruine, on vole à qui l’on peut, on est paré de filouterie, on s’habille du bien d’autrui ; mais non, dira-t-on, je ne vole pas, je trafique mes charmes, on me donne de quoi les entretenir, l’honneur est le prix de la parure, ma personne vaut bien la plus belle étoffe : au reste, tout se négocie de gré à gré, & sans marchander.