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18. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Entretien second De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. […] Depuis quand est-ce, que ces festins licentieux, que ces bals, que ces danses molles & lascives, que les premiers Chrêtiens reprochoient aux Idolâtres comme des marques toutes visibles de la corruption de leurs mœurs, de la fausseté même de leur religion ? […] Dites-moi, Chrêtiens pouvons-nous aujourd’hui opposer nos divertissemens aux festes de Turcs & des Indiens, & aprés leur avoir reproché les excez de leurs tables & la legereté de leurs danses, oserions-nous leur proposer pour modele nos bals, nos mascarades & nos festins ? […] Et ne me dites pas ce que quelques libertins opposerent autrefois à saint Ciprien, que l’Evangile, que l’Ecriture Sainte ne defend nulle part ni les bals, ni les comedies, ni les mascarades, l’Ecriture (répond ce grand Saint) a plus dit en se taisant, que si elle s’êtoit expliquée par des defenses expresses ; elle a eu honte de faire un precepte pour des choses, qui êtoient si visiblement indignes du Chrêtien, qu’elle formoit. […] Quoi si cette fille n’est vaine & ne voit ce monde, elle ne sauroit rencontrer ce, que Dieu lui a destiné avant tous les siecles, & les decrets éternels de sa Providence ne seront jamais accomplis en elle, si elle ne paroit à tout les bals & à toutes les fétes d’une Ville : Prenez garde au contraire que le dessein, qu’il avoit de vous sauver avec elle, ne soit traversé par une conduite si peu Chrétienne.

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