Entretien second De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. […] Depuis quand est-ce, que ces festins licentieux, que ces bals, que ces danses molles & lascives, que les premiers Chrêtiens reprochoient aux Idolâtres comme des marques toutes visibles de la corruption de leurs mœurs, de la fausseté même de leur religion ? […] Dites-moi, Chrêtiens pouvons-nous aujourd’hui opposer nos divertissemens aux festes de Turcs & des Indiens, & aprés leur avoir reproché les excez de leurs tables & la legereté de leurs danses, oserions-nous leur proposer pour modele nos bals, nos mascarades & nos festins ? […] Et ne me dites pas ce que quelques libertins opposerent autrefois à saint Ciprien, que l’Evangile, que l’Ecriture Sainte ne defend nulle part ni les bals, ni les comedies, ni les mascarades, l’Ecriture (répond ce grand Saint) a plus dit en se taisant, que si elle s’êtoit expliquée par des defenses expresses ; elle a eu honte de faire un precepte pour des choses, qui êtoient si visiblement indignes du Chrêtien, qu’elle formoit. […] Quoi si cette fille n’est vaine & ne voit ce monde, elle ne sauroit rencontrer ce, que Dieu lui a destiné avant tous les siecles, & les decrets éternels de sa Providence ne seront jamais accomplis en elle, si elle ne paroit à tout les bals & à toutes les fétes d’une Ville : Prenez garde au contraire que le dessein, qu’il avoit de vous sauver avec elle, ne soit traversé par une conduite si peu Chrétienne.