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66. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

qu’une femme Demoiselle est une étrange affaire, et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les Paysans qui veulent s’élever au-dessus de leur condition, et s’allier, comme j’ai fait, à la maison d’un Gentilhomme etc. »cp Avouez donc Monsieur que, si vous eussiez porté de meilleurs yeux, ou plus de bonne volonté pour l’Auteur à la représentation de cette pièce, vous auriez mieux senti son objet, qui était d’avertir tous les roturiers opulents que leur richesse et leur vanité ne doivent pas les faire aspirer à des alliances nobles, s’ils ne veulent s’exposer aux mêmes chagrins que le pauvre George Dandin. […] Il est odieux qu’un fils vole son père, il est odieux qu’il lui manque de respect ; mais ne m’avouerez-vous pas que cela est mille fois plus excusable quand le père en est cause, que quand un fils est porté à ces excès par sa propre corruption ? […] « Morbleu, vil complaisant, vous louez des sottises. »dk Ce vers est une boutade très bien placée dans la bouche d’un bourru et j’avoue qu’une pointe irait mal après elle : mais ce que vous appelez une pointe paraît aux autres une seconde boutade toute aussi caustique mais plus plaisante que la première, et qui peut fort bien, sans faire tort à la Vertu garder la place qu’elle occupe. […] L’enfance, les premières années de l’adolescence, laissent encore trop de pouvoir sur leur cœur à des impressions libertines : mais vous m’avouerez que ce qui est très dangereux à douze ou quinze ans, est très indifférent à vingt-cinq ou trente.

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