Mais il faut avouer de bonne foi que saint Thomas en s’objectant le métier de baladins, qu’il appelle Histriones, il semble les tolérer, pourvu qu’ils demeurent dans les termes de la modestie, qu’ils ne jouent pas dans des temps défendus, et que d’ailleurs ils satisfassent aux devoirs de la Piété Chrétienne. […] Elle prouve tout au plus, qu’un Comédien bien converti peut être sauvé, et personne n’en doute ; mais qu’on en infère qu’un Comédien tout en dansant puisse passer du Théâtre en Paradis, c’est ce que l’on se gardera bien d’avouer, puisque Jésus-Christ lui-même qui en avait les clefs, n’y est entré que par la voie des souffrances. […] Il avoue que son jugement ne doit pas passer pour décisif : et il avoue de même qu’étant Prêtre et que devant l’exemple aux Fidèles, il n’a jamais été à la Comédie et qu’il en a fait scrupule. […] « Mille gens d’une éminente vertu et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, ont été obligés de m’avouer qu’à l’heure qu’il est la Comédie est si épurée sur le Théâtre Français, qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne pût entendre. […] « Les Acteurs qui les jouent, dit-il, ne sont point des personnes consacrées ni vouées au Seigneur ; ce qui serait indécent, je l’avoue ; et si cela était, je le condamnerais absolument et sans restriction.