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68. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Mais ces Infâmes abusant de l’autorité publique, se laissèrent emporter à toutes sortes de dissolutions et débauches, ce qui fit que plusieurs graves Sénateurs, ne pouvant supporter leurs insolences, les firent bannir avec les Astrologues, devins, et magiciens ; Voyez sur ce sujet les Centuries de Galterius, la chronologie d’ Onuphriuset de Génébrard sur l’état de l’Empire Romain. […] Ce Sophiste prétendu, s’efforce de persuader au Vulgaire, que ceux de la Religion réformée, ne souffrent aucunement ce divertissement parmi eux, en quoi il montre une grande ignorance ; vu qu’il n’y a Royaume, Province, Contrée ou Ville, où ils ne soient bien reçus et approuvés de ceux qui ont l’autorité souveraine ; en Angleterre le Roi en entretient ordinairement deux troupes à ses gages, qui le suivent quand il va à ses progrèsl, et où j’ai vu même des Ministres assister à leur représentations, entre autre un nommé Joannes Davenantius Professeur de l’Académie Royale, et un certain Vardus Préfet de la même Académie, qui tous deux avaient été députés au Synode de Dordrecht, comme des plus notables du Royaume : Dans la Hollande j’ai toujours vu des lieux érigés pour cet exercice, et particulièrement à Amsterdam, où s’est fait depuis peu le plus magnifique Théâtre de l’Europe, pour la Jeunesse de la Ville. […] Mais sans nous écarter hors la France, voyons dans les villes où Messieurs de la Religion sont, ou ont été en quelque autorité, premièrement à Saumur, où est l’Académie des étrangers, avant sa réductionn, j’ai vu diverses représentations, où le Sieur du Plessis Gouverneur du Château assistait, et le Sieur Bouchereau Ministre. […] Saint Hilaire parlant de ceux qui ont l’administration de la chaire, dit qu’ils ne doivent nullement prostituer l’autorité de leur vocation, à l’extravagance de leur passion ; d’autant que comme dit Saint Jérôme, « Correctio lenis hominem suaviter instruit, nimis aspera vero deteriorem facit », le pécheur ne se convertit que par la voix de la douceur, et que le piquer par paroles scandaleuses, c’est le pousser dans le crime plus avant.

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