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67. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Cet ouvrage a eu le plus grand succès, & une foule d’imitateurs ; il eût dû s’en contenter, tout au plus y ajouter son théatre historique, qui peut en être regardé comme la suite ; ce n’est qu’une autre maniere d’écrire l’histoire de France : qui se seroit attendu qu’à l’âge de 80 ans, ce grave Magistrat se donnât pour comédien, & voulut, pour terminer plus glorieusement sa carriere, joindre à sa couronne les lauriers de Melpomene & de Thalie, qu’il auroit dû craindre de flétrir en les y mettant. […] Ces Acteurs célebres ces actrices brillantes, Baron, la Chammellé, les Gaussins, ces musiciens, ces danseurs, Pecourt, Lulli, Rameau dont vous voyez les tableaux ou les bustes, ont brillé sur la scéne, bientôt comme eux vous serez la proie du tombeau, pulvis es & in pulverem reverteris : par-tout on pense à la mort : on veut mourir, on attend la mort, le dénouement est quelque mort, les Cinna, les Pompées, les Cesars, les Titus, &c. […] Qu’attendre d’un comique payen qui veut plaire à des spectateurs payens si même débitées à des spectacles, non chrétiens, elles allarment si peu la vertu commode & trop indulgente ? […] Une femme qui attend, de sang froid, son mari pour l’égorger ; l’égorge sans être combattue d’un seul remords, ni dire un mot qui ressemble à la passion, & après l’avoir assassiné, s’en vente avec une insolence tranquille.

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