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287. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Bacchus avec ses bacchants, Venus avec ses graces, Apollon & ses muses, ne montrent que des scènes rustiques : de-là ce jargon pastoral, ces ruisseaux, ces bocages, ces fleurs, ces troupeaux, &c, une cinquantaine de mots qu’on attache l’un à l’autre, à la faveur desquels on plaît surement aux femmes, on se donne un air galant, on fait des vers pleins de fraicheur, dit-on, & on acquiert à peu de frais la réputation de bel-esprit. […] Il y a bien de la différence entre un enfant & un homme fait : un enfant qu’on veut instruire avec des fables, les apprend d’abord, s’en amuse comme d’un chose vraie ; mais en voyant le faux & le ridicule, puisqu’il fait bien que les bêtes ne raisonnent ni ne parlent, il s’en moqué & pense qu’on se moque de lui, il ne fait aucun cas d’une instruction si frivole, qui ne porte que sur une fausseté palpable ; il les apprend comme une tâche à laquelle sont attachées des punitions & des récompenses, des éloges de sa mémoire & de son esprit : pour la morale il n’y pense pas, ce ne sont que des fables.

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