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34. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Je commence par ce qu’il y a de plus important, & de plus difficile à décider sur cette maniere, savoir, si c’est un peché grief de se trouver au Bal, d’assister à la comedie, & aux autres spectacles publics, & enfin de se trouver dans ces Assemblées du beau monde, pour contribuer au divertissement les uns des autres. […] C’est pourquoy l’on insiste ordinairement à demander, s’il y a peché mortel d’assister au Bal & à la Comedie, qui sont maintenant les deux sortes de spectacles qui sont le plus en usage, & où l’on fait le moins de scrupule de se trouver. […] Premierement la disposition de ceux qui y assistent, lorsque par leur foiblesse, ils sont susceptibles de toutes les impressions, que ces spectacles sont capables de faire sur leurs esprits ; c’est ce qu’on appelle s’exposer à l’occasion du peché. […] Mais à la bonne heure, me direz-vous, que ceux qui connoissent leur foible, s’en éloignent, en cherchant dans une vie retirée, un asile à leur innocence, & qu’ils ne chargent point les autres du soin de leur salut ; mais ceux qui n’on rien à craindre de ce côté là, ne peuvent-ils pas y assister sans s’en faire un point de conscience ? […] Car pourquoy, dira-t-on, se seroit-on un point de conscience d’assister à ces spectacles, puisque les gens d’une vertu plus reguliere, & d’une probité plus reconnuë, ne font point de scrupule de s’y trouver ?

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