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25. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

« Oui c’est une injure (dit-il) & d’assister aux spectacles c’est en aucune façon une apostasie de la foi. » Et pourquoi une apostasie ? […] Ces Chrêtiens du cinquiéme siécle se plaiserent aux spectacles que les paiens avoient inventés ; mais ils eurent soin de rectifier leur intention, & d’y assister à la Chrêtienne ; cependant le zelé Prêtre les traita encore comme des Apostats de la Foi : & en les traittant de la sorte, il nous fit connoître, que les spectacles de la Comedie ne peuvent jamais être rectifiés par l’intention la plus pure : non, Madame, aucune intention ne leur otera la malice, qui leur est propre ; & ce sera toûjours une injure à Dieu, que d’y assister. […] Ce n’est pas moi, qui vous en suis témoin, Madame : car vous sçavez, que je suis d’un état qui par lui-même m’interdit de pareils spectacles : mais ce sont des personnes de vôtre rang qui ont eu le malheur de s’y trouver : ce sont des personnes de vertu & de probité, à qui une curiosité indigne de leur âge & de leur emploi avoit persuadé d’assister aux Comedies qu’on represente chez vous, qui avouent tous d’un consentement unanime, que le nouveau Theatre est un ecueil contre lequel échoue la chasteté chrétienne, que ces Comedies sont, principalement pour les jeunes gens, une école de libertinage, & que la contagion d’impureté est d’autant plus à craindre, qu’elle y est plus deguisée & plus rafinée.

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