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212. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Ainsi la plus avantageuse impression des meilleures Tragédies est de réduire à quelques affections passagères, stériles et sans effet, tous les devoirs de la vie humaine ; à peu près comme ces gens polis qui croient avoir fait un acte de charité, en disant au pauvre : Dieu vous assiste. […] D’ailleurs, il y aura chaque jour un temps réel de perdu pour ceux qui assisteront au Spectacle ; et l’on ne se remet pas à l’ouvrage, l’esprit rempli de ce qu’on vient de voir : on en parle, ou l’on y songe. […] De ces nouvelles réflexions, il suit évidemment, ce me semble, que les Spectacles modernes, où l’on n’assiste qu’à prix d’argent, tendent partout à favoriser et augmenter l’inégalité des fortunes, moins sensiblement, il est vrai, dans les capitales que dans une petite ville comme la nôtre. […] Cependant il faut y avoir assisté chez le Genevois, pour comprendre avec quelle ardeur il s’y livre. […] Ils assistent à toutes les assemblées et même aux festins.

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