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17. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend sur le théâtre ne s’adresse qu’aux sens, à la cupidité ; parures, décorations, chants, harmonies, assemblées, tout tente ; et à force de goûter ce qui enchante, on trouve des charmes dans les pièges, et on se sait bon gré d’être tenté. […] Et l’on veut qu’une vertu naissante, ou, pour mieux dire, que des gens sans vertu, la plupart même déjà vaincus par les ennemis qu’ils vont chercher, soient dans ces assemblées sans danger. […] Une salle, le rendez-vous de tous les libertins, et de tout ce qu’on appelle dans une ville gens oisifs, gens de plaisirs : peu dont les mœurs ne soient corrompues, moins encore qui soient de bonnes mœurs : une assemblée où règne un luxe étudié, où tout éblouit, où tout brille, et dans laquelle il ne se trouve pas une jeune personne qui n’ait employé tout ce que l’art a de plus séduisant pour plaire et pour tenter : Des loges pleines d’écueils d’autant plus dangereux qu’ils sont plus à couvert, et d’où les yeux peuvent rassembler plus d’objets à la fois, tous plus à craindre. […] Qu’on se fasse un système de conscience, tel qu’on voudra ; que les libertins raisonnent tant qu’ils voudront, il sera toujours faux que les spectacles profanes soient licites ; il sera toujours vrai que les dangers qu’on y trouve, les dispositions qu’on y apporte, la Religion qu’on professe, le sentiment et l’exemple des Saints qu’on respecte, les obligations qu’on a, et l’édification qu’on doit, que tout cela interdit aux Chrétiens la comédie, les spectacles profanes, et toutes ces assemblées de plaisirs, d’où l’on ne sort presque jamais, que moins Chrétiens.

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