« A quel dessein y voit-on voler tant de jeunes gens des deux sexes, les uns presque perdus par l’indulgence cruelle des pères, les autres déjà instruites par une mère dans l’art funeste de trop plaire ; tant de jeunes gens qui suivent les drapeaux de la volupté, tant de personnes que l’avarice ou l’ambition ont trop malheureusement unies ? […] La nature, dira-t-on, est assez bien exprimée ; et, si cet effet n’accompagne pas l’exécution de la pièce, on regarde le secret de l’art comme manqué, et l’auteur en est puni sur-le-champ par le mépris public qu’on fait de son ouvrageaj. […] Mais quand par leur art ils savent donner un merveilleux relief aux leçons flatteuses qu’ils débitent, ils excitent l’admiration des spectateurs et insinuent dans leur cœur une passion vive et ardente, qui y fait des progrès d’autant plus rapides qu’elle y trouve des dispositions plus favorables. […] La douceur du poison leur en fait oublier les suites funestes ; ils ne voient plus rien de honteux dans les passions, dès qu’elles ont été déguisées et embellies par l’art ; et, à force d’admirer et d’applaudir, ils y apprennent à ne rougir de rien am.