La Tragédie est née chez les Grecs, comme tous les Arts. Eschyle, leur premier Tragique, donna à la Tragédie un air gigantesque, des traits durs, une démarche fougueuse, c’était la Tragédie naissante, bien conformée dans toutes ses parties, mais encore destituée de cette politesse que l’art & le temps ajoutent aux inventions nouvelles : il falait la ramener à un certain vrai que les Poètes sont obligés de suivre jusque dans leurs fictions. […] Racine eut le talent d’éviter ces petites fautes : toujours élégant, toujours exact, il joignait le plus grand art au génie, & se servait quelquefois de l’un pour remplacer l’autre : cherchant moins à élever l’âme qu’à la remuer, il parut plus aimable, plus commode, & plus à la portée de tout Spectateur. […] Cependant, l’objet des Arts, qui sons tous faits pour embellir la nature, étant de viser toujours au plus grand & au plus noble, où peut-on trouver le Tragique parfait, que dans les Rois ?