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31. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il en résulte, aux yeux de ces jeunes gens, qu’ils sont les esclaves d’un préjugé, que le précepte d’amour et de piété filiale n’est pas plus absolu ni plus respectable qu’un autre, qu’il est relatif ou conditionnel, qu’il n’oblige pas, qu’il est impraticable à l’égard d’un père avare, qu’il est permis, ordinaire, qu’il arrive nécessairement qu’un enfant méprise son père, le vole et se moque de lui quand son père est avare. […] Voilà une source principale de cette foule de femmes perdues ou prostituées que l’on rencontre partout, dont le sang vicié se perpétue dans de malheureux enfants qui arrivent au monde chargés de toutes les disgrâces. […] Les femmes ont encore moins su auquel entendre ; sous la minorité de Louis XIV, on les critiquait sur la légèreté de leurs goûts ; elles ont été sensibles à ces reproches et se sont livrées à l’étude des sciences et des lettres ; elles fréquentaient les savants et voulaient avoir dans leur cercle leur mathématicien, ou leur littérateur ; Molière est arrivé, et s’est mis à crier de toutes ses forces, aux précieuses, aux femmes savantes ! […] Cependant, à Dieu ne plaise que la manifestation de cette erreur si bien accréditée, et généralement autorisée, renouvelle les chagrins de l’auteur spirituel qui a publié cette dernière satire et à qui l’on a fait payer trop cher l’omission de déclarer qu’il avait emprunté d’un moine, comme il est arrivé autrefois et comme il arrive encore tous les jours aux auteurs de faire des emprunts à d’autres. Il est arrivé à Catulle d’emprunter d’Hésiode ; et à Virgile d’emprunter de Catulle et d’Homère, comme il est arrivé à Molière, à Corneille, à Racine, à Voltaire, d’emprunter de Plaute, de Térence, d’Euripide et de Sophocle, etc.

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