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76. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Le Cardinal qui pouvoit le faire arrêter, va seul avec une bougie lui ouvrir la porte ; le Duc qui pouvoit lui passer son épée au travers du corps, & se retirer, négocie tranquillement avec lui, mais sans succès : ce sont deux Paladins qui s’embrassent, & vont se battre à fer émoulu. […] Le Cardinal qui les avoit fait arrêter, court leur apporter la nouvelle, & leur baise les pieds : il en est reçu avec mepris. […] La maison des Princes, l’Hôtel de Longueville ne désemplissoient point, la Duchesse revenue subitement y est traitée en Reine ; le Roi & la Reine relégués & comme emprisonnés au fond du Louvre, y vivent en chartreux, mais indignés à l’excès, embrassent les prisonniers, leur accordent tout, & prennent des mesures pour les arrêter. Le Grand Condé qui a fait fuir les armées espagnoles & Mazarin, quitte nuitamment Paris & le Royaume, & s’échappe en fugitif, comme avoit fait sa sœur, pour ne pas être arrêté une seconde fois. […] Dans le moment de son entrée le Duc d’Orléans & sa fille avoit ordre de sortir de Paris ; le Cardinal de Retz fut arrêté & conduit à Vincennes ; les Princes & Princesses qui s’étoient réunis à Bordeaux, furent avec leurs adhérans, dispersés dans les quatre coins du royaume ; la piece finit, la toile fut baissée.

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