Une Troupe de Comédiens étant venus à Paris en 1584. et ayant dressé un Théâtre dans l’Hôtel de Cluny, la Chambre des Vacations en étant avertie, leur fit défense de jouer dans Paris sous peine de mille écus d’amende : Voici le prononcé de l’Arrêt : « Le 6 Octobre 1584. ouï le Procureur Général en ses Conclusions et Remontrances, la matière mise en délibération, a été arrêté et ordonné, que présentement tous les Huissiers se transporteront au logis des Comédiens et du Concierge de l’Hôtel de Cluny près les Mathurins ; auxquels seront faites défenses par Ordonnance de la Chambre des Vacations de jouer leur Comédie, ne faire assemblée en quelque lieu que ce soit ; et audit Concierge de Cluny les y recevoir à peine de mille écus d’amende. […] N’arrêtez point vos regards sur une fille, de peur que sa beauté ne vous devienne un sujet de chute. » « Détournez vos yeux d’une femme parée, et ne regardez point curieusement une beauté étrangère : plusieurs se sont perdus par de semblables regards et c’est ce qui allume le feu de la concupiscence « Averte faciem tuam à muliere compta, et ne circumspicias speciem alienam... propter speciem mulieris multi petierunt, et ex hoc concupiscentia quasi ignis exardescit. » . » Que la passion de l’amour produisant tous les jours des désordres dans les personnes libres, et dans celles qui sont mariées, on fait mal d’aller dans un lieu, où cette passion est louée, excitée, nourrie ; et où les pièces ne plaisent, que lorsque l’amour y est conduit d’une manière tendre et passionnée : Que l’âme s’y trouve exposée à des chutes presque inévitables, parce que enivrée du plaisir, elle n’est plus dans cet état de vigilance, qui est nécessaire pour résister aux tentations ; et que rien ne peut excuser des fautes, dont la cause a été volontairement recherchée : Que les passions criminelles, qu’on représente sur le Théâtre sont souvent d’autant plus dangereuses, qu’elles sont touchées avec plus d’honnêteté apparente, parce qu’on goûte ainsi sans répugnance et même avec plaisir, ce qui aurait fait quelque horreur, étant exposé trop à découvert : et qu’enfin rien n’est plus capable que la Comédie, d’étouffer insensiblement les sentiments de piété, l’esprit de prière, et d’exciter les trois concupiscences que saint Jean condamne. […] J’ai cru, au reste, devoir répondre succinctement à toutes ces difficultés qui tombent assez d’elles-mêmes, et je m’y suis d’autant moins arrêté, que la question principale me paraît suffisamment éclaircie.