Les Prédicateurs ne souffriraient point que la Chaire et le Théâtre fussent confondus, et qu’on allât apprendre de la bouche des Comédiens, ce qu’on débite avec autorité dans les Eglises à tous les peuples. […] Et à considérer les impressions ordinaires que faisait la Tragédie dans Athènes sur l’âme des Spectateurs, on peut dire que Platon était mieux fondé pour en défendre l’usage, que ne fut Aristote pour le conseiller : car la Tragédie consistant, comme elle faisait, aux mouvements excessifs de la Crainte et de la Pitié h, n’était-ce pas faire du Théâtre une Ecole de frayeur et de compassion, où l’on apprenait à s’épouvanter de tous les périls, et à se désoler de tous les malheurs ? […] Depuis qu’on eut formé dans Athènes cet art de craindre et de se lamenter, on mit en usage à la guerre ces malheureux mouvements qui avaient été comme appris aux représentations. […] Mais comment n’eût-on pas appris à se désoler dans cette pitoyable école de commisération ?