On y fait avec éclat et avec succès des leçons publiques de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; on y apprend à conduire habilement une intrigue ; à éluder la scrupuleuse vigilance des parents ; à surprendre par mille ruses la bonne foi ; à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence ; à se défaire en habile homme d’un concurrent ; à se venger à coup sûr d’un ennemi ; à élever sa fortune sur les débris de celle d’autrui, et tout cela en habile homme. […] La douceur du poison en fait oublier les funestes suites ; on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dès qu’elles ont été déguisées sur le théâtre, et embellies par l’art ; et à force d’admirer et d’applaudir, on y apprend à ne rougir de rien. Mais ces éternels admirateurs du théâtre ne savent que trop combien ils y ont appris. […] Y apprend-on à être plus réservé et plus en garde ?