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36. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Heureuse ignorance que celle qui ne sait ni les règles du Théâtre, ni les criminelles beautés des pièces qu’on y joue, et qui, se renfermant dans la sphère du Chrétien, se contente d’avoir appris Jésus-Christ crucifié. […] Et faut-il vous répéter des vérités que l’Alphabet du Christianisme vous apprend ? […] Quelle profession en effet que celle d’apprendre à tromper les hommes, à séduire la jeunesse, à mépriser des parents, à vivre dans le crime, à flatter les passions, à honorer les vices, à accréditer les erreurs ! […] C’est là qu’on apprend à tromper un Père sagement économe ; à surprendre la vigilance d’une Mère attentive : à nouer des intrigues avec des domestiques, à en faire des confidents, pour venir à bout d’effectuer de mauvais désirs, et de se livrer aux plus honteuses passions. C’est là qu’on apprend à se ménager des entrevues secrètes avec un Amant passionné, à lui faire parvenir des Lettres et des Billets ; à trouver de l’argent à crédit, et des Usuriers faciles et commodes ; c’est là en un mot qu’on apprend à ne plus rougir, à regarder le crime comme une galanterie, le mensonge comme une adresse, le luxe comme une bienséance, l’obéissance aux parents comme une tyrannie.

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