Cependant le Frère parlant d’elle et l’appelant « la bonne femme », donne occasion à la Suivante de mettre la dernière main à ce ravissant caractère, en lui disant « qu’il n’aurait qu’à l’appeler ainsi devant elle : qu’elle lui dirait bien qu’elle le trouve bon, et qu’elle n’est point d’âge à mériter ce nom ». […] » Le Bigot qui se sent pressé et piqué trop sensiblement par cet avis, lui dit : « Monsieur, il est trois heures et demie, certain devoir chrétien m’appelle en d’autres lieux », et le quitte de cette sorte. […] C’est un homme qui, à la manière obligeante, honnête, caressante et civile dont il aborde la compagnie, soi-disant venir de la part de Monsieur Panulphe, semble être là pour demander pardon, et accommoder toutes choses avec douceur, bien loin d’y être pour sommer toute la famille dans la personne du chef, de vider la maison au plus tôt : car enfin comme il se déclare lui-même, « il s’appelle Loyal, et depuis trente ans il est Sergent à verge en dépit de l’envie ». […] C’est que jamais il ne s’est frappé un plus rude coup contre tout ce qui s’appelle galanterie solide en termes honnêtes, que cette pièce ; et que si quelque chose est capable de mettre la fidélité des mariages à l’abri des artifices de ses corrupteurs, c’est assurément cette Comédie ; parce que les voies les plus ordinaires et les plus fortes par où on a coutume d’attaquer les femmes, y sont tournées en ridicule d’une manière si vive et si puissante, qu’on paraîtrait sans doute ridicule, quand on voudrait les employer après cela ; et par conséquent on ne réussirait pas.