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284. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Sulpice, qu’on a longtemps accusé de pousser l’éloignement du monde jusqu’à la misanthropie, la simplicité des habits jusqu’à la malpropreté, l’exactitude aux exercices de piété jusqu’à la minutie, et qui cependant dans les temps heureux de sa plus grande ferveur, au grand et au petit Séminaire, à la Communauté des philosophes, à celle de Lisieux, avait dans chacune de ses maisons de campagne des théâtres toujours dressés, qu’en termes d’argot on appelait le moulin, et où pendant tout le temps des vacances, sous les yeux de leurs graves Supérieurs, spectateurs, approbateurs, souvent instigateurs, les Séminaristes exerçaient, représentaient, composaient à loisir et in promptu les pièces les plus comiques, soit imprimées, soit de leur façon ? […] Ce sont des troupes de la plus vile populace, qui pour quelques taëls vont où on les appelle, et se louent à qui en veut : ils ont une liste des pièces qu’ils savent, qu’ils présentent au maître de la maison ; celui-ci choisit, et sans autre préparation, ils jouent sur le champ dans la salle du festin pour amuser la compagnie.

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